Skip to content Skip to footer

Les gays et la capote : Petite histoire d’un amour compliqué

Années 1970 : un objet de désir parce qu’interdit

Imaginez qu’à cette époque, cet objet associé exclusivement à la contraception, était quasiment inaccessible : vente en pharmacie exclusivement, publicité interdite. Pour s’en procurer sans honte, il fallait en ramener des drugstores des Pays-Bas ou de Grande-Bretagne, et il devenait alors follement bon et transgressif d’en tester l’usage, en solitaire, ou avec un partenaire (on découvrait un objet hygiénique parfaitement adapté pour la sodomie !).

Années 1980-1990 : l’objet réflexe compagnon de nos amours

Le sida nous tombe dessus. C’est la panique, les gays ont la trouille. Ils se regroupent, militent, obtiennent des droits pour les malades et inventent le safer sex : l’accessoire en latex associé au gel devient l’instrument qui nous protège de tout, VIH et IST. Ouf, les acquis de la libération sexuelle des années 1970 sont préservés, nous ne sommes relégués ni à l’abstinence, ni à la monogamie.

Années 2000 : relâchement et bareback

La trithérapie a débarqué, on meurt moins du sida, qui fait moins peur. Les séropos vont vivre, et certains commencent à baiser entre eux sans capote (c’est le bareback). Peu à peu le préservatif perd du terrain, même chez les séronégatifs. La capote n’a plus la cote, mais du coup les autres IST comme la syphilis et la chaude pisse réapparaissent.

Années 2010 : le médoc ringardise la capote

Tandis que les séropos deviennent indétectables (quand ils sont bien soignés leur charge virale est très faible, ils ne sont plus contaminants), les gays font comme si le sida n’était plus qu’une maladie chronique. Les séronégatifs se considèrent parfois comme « cleans », ou ils prennent la PrEP un médicament préventif, si bien que l’usage de la capote continue de reculer. Si les contaminations au VIH restent stables, les autres IST explosent.

Années 2020 : vers un retour de la capote ?

Les gays se sont tournés vers une sexualité médicalement assistée, où toute la protection était basée sur la prise de médicaments. En 2020 l’épidémie de Covid bouleverse la médecine et fait redécouvrir l’importance des barrières de protection. L’usage du masque rappelle beaucoup la généralisation de l’usage de la capote dans les années 80-90. Et si nous avions un peu trop vite rangé la capote au rang des accessoires occasionnels ? Pourtant elle nous protège, non seulement du sida, mais aussi de pas mal d’autres IST, c’est encore l’un des meilleurs instruments du plaisir et de la liberté sexuelle.